Une journée à la pêche

Il fut un temps où pêcher près du pont Déry était une aventure extraordinaire. Le saumon, roi des rivières, s’y pointait les nageoires au mois de juin. Fougueusement, il remontait les rapides en effectuant des sauts à donner le vertige. Les fosses situées près du pont lui permettaient de faire des pauses bien méritées. C’est là que le pêcheur pouvait le ferrer jusqu’à la mi-octobre…

aquarelleCuvelier

Aquarelle par Léonce-E Cuvelier

Au XIXe siècle, les officiers britanniques, passionnés de pêche sportive, découvrirent le site. En fait, ils l’adoptèrent… L’histoire rapporte d’ailleurs que la Couronne, propriétaire des lieux dès 1818, en fit La Réserve de l’ordonnance Jacques-Cartier, un club privé où les officiers de la garnison de Québec s’adonnaient à leurs loisirs et activités préférés.
Nombreux furent-ils à dévaler en diligence ou en calèche la tortueuse côte Déry dans l’espérance de rapporter à Québec de beaux saumons dodus. Armés de mouches, de lignes, de gaffes ou d’épuisettes, ils descendaient près des fosses où les attendait, sans se méfier, « celui qui saute ».

Après une pêche fructueuse, des célébrations s’imposaient dans la maison du pont. Après tout, les pêcheurs n’avaient-ils pas bravé les féroces moustiques assoiffés de sang pour dompter le roi de la rivière? Quoi de mieux pour fêter une pêche « miraculeuse » qu’un délicieux festin arrosé de quelques verres de punch, le tout suivi de quelques pas de danse avec les « jeunesses » gens du village, attirés par le rythme entraînant d’un air de violon.